En cas de rupture du contrat de travail par l'employeur, le salarié peut se voir verser une indemnité légale de licenciement. Comment alors la calculer? Concerne t-elle tous les contrats de travail? Quelles sont les conditions de son versement? Forte d’une expérience riche à l’international et titulaire d'un Doctorat en droit, Maitre PARAGYIOS (qui développe principalement au sein de son Cabinet, une activité de conseil et de contentieux dans le domaine du droit social) revient en détails sur l'ensemble de ces questions.
Prévue par l’article L.1234-9 du code du travail, l’indemnité légale de licenciement est uniquement octroyée en cas de rupture du contrat de travail par l’employeur. En effet, cette indemnité n’est pas due en cas de démission du salarié, puisqu’elle est censée réparer le préjudice causé par la rupture unilatérale du contrat de travail par l’employeur.
Pour prétendre à l’indemnité légale de licenciement, le salarié doit être lié par un contrat à durée indéterminée.
L’indemnité légale de licenciement constitue un minimum auquel se substitue, le cas échéant, l’indemnité prévue par une convention collective, un contrat de travail ou même un usage. Cette substitution a lieu uniquement si l’indemnité conventionnelle de licenciement est plus favorable au salarié que l’indemnité légale de licenciement.
L’indemnité légale de licenciement ne se cumule pas avec l’indemnité conventionnelle de licenciement.
En revanche, elle peut se cumuler avec :
L’indemnité légale de licenciement est due quelle que soit la nature du licenciement, sauf en cas de faute grave. En effet, la faute grave du salarié, et a fortiori la faute lourde, a pour effet de le priver totalement du droit à l’indemnité légale de licenciement.
Pour pouvoir bénéficier de l’indemnité légale de licenciement pour tout les licenciements prononcés avant le 27 Septembre 2017, le salarié licencié doit compter au moins une année d’ancienneté ininterrompue au service du même employeur (art. L.1234-9 c. trav). Cette ancienneté s’apprécie à la date de la notification du licenciement et elle court depuis la date d’entrée du salarié dans l’entreprise.
Pour pouvoir bénéficier de l’indemnité légale de licenciement pour tout les licenciements prononcés après le 27 Septembre 2017, l’ancienneté que doit justifier un salarié pour ouvrir droit à une indemnité légale de licenciement est désormais de 8 mois ininterrompue, au lieu d’une année d’ancienneté ininterrompue.
Par ailleurs, l’indemnité de licenciement est propre à la rupture du contrat de travail. Ainsi, les mandataires sociaux (PDG ou directeurs généraux) ne peuvent prétendre en bénéficier, sauf dans le cas où leur mandat se double d’un contrat de travail.
En principe, l’indemnité légale de licenciement est exigible à la fin du préavis, qu’il soit exécuté ou non. L’indemnité sera versée en même temps que la dernière paie du salarié.
Le montant exact de l’indemnité de licenciement doit être mentionné sur le bulletin de paie pour éviter toute contestation. L’indemnité peut toutefois être indiquée sur le solde de tout compte.
Quel que soit le motif de licenciement, l’indemnité légale ne peut être inférieure, pour tout les licenciements prononcés après le 27 Septembre 2017, à (art. R. 1234-2 c. trav) :
Pour tout les licenciements prononcés avant le 27 Septembre 2017, l'indemnité légale de licenciement ne peut être inférieure à :
En effet, selon l’article 4 du décret n° 2017-1398, un nouveau calcul de l’indemnité légale de licenciement fut mise en place par le législateur. Il s’applique aux licenciements prononcés postérieurement à la publication du présent décret, soit à compter du 27 septembre 2017.
Il y'a donc 3 régimes juridiques différents pour l'année 2017 :
Date notification licenciement | Ancienneté nécessaire | Détermination de l’indemnité de licenciement |
Du 1er janvier au 23 septembre 2017 | 1 année ininterrompue | Licenciement pour motif personnel, économique ou inaptitude d’origine non professionnelle et impossibilité de reclassement : Licenciement pour inaptitude professionnelle et impossibilité de reclassement |
Du 24 au 26 septembre 2017 | 8 mois ininterrompus | Licenciement pour motif personnel, économique ou inaptitude d’origine non professionnelle et impossibilité de reclassement : Licenciement pour inaptitude professionnelle et impossibilité de reclassement |
À compter du 27 septembre 2017 | 8 mois ininterrompus | Licenciement pour motif personnel, économique ou inaptitude d’origine non professionnelle et impossibilité de reclassement : Licenciement pour inaptitude professionnelle et impossibilité de reclassement |
L’indemnité légale de licenciement se calcule à partir du salaire brut et non du salaire net.
Exemple de calcul :
Prenons un salarié qui totalise 14 ans d’ancienneté et ayant un salaire mensuel brut de 3000 euros.
La formule de calcul de l’indemnité est la suivante : [(14 x 1/5) + (4 x 2/15)] x 3000€
L’indemnité légale de licenciement du salarié est de 9 990 €.
Le calcul de l’indemnité légale de licenciement se fait sur les douze ou les trois derniers mois précédant la notification du licenciement, selon la formule la plus avantageuse et sans prendre en compte la période de préavis (art. R.1234-4 du code du travail).
Le salaire de référence reste fixé ainsi, toujours au regard de la formule la plus avantageuse pour le salarié :
Les éléments à inclure dans la base de calcul sont :
Les éléments à exclure de la base de calcul sont ceux qui ne sont pas versés en contrepartie d’un travail effectif, soit :
Le salarié est en droit de contester l’indemnité légale de licenciement.
S’il veut contester le montant de l’indemnité légale de licenciement, il est conseillé au salarié de ne pas signer le reçu pour solde de tout compte. En effet, le salarié est présumé avoir accepté le montant et ne pourra faire de recours contentieux contre ladite indemnité.
N’hésitez pas à vérifier tous les calculs et tous les documents, notamment le solde de tout compte.
Sachez que même si l’indemnité légale est encaissée, il peut toujours y avoir un moyen pour la contester.