Qu'est-ce qu'un abandon de poste ? Quelles en sont les conséquences pour le salarié ? L'abandon de poste équivaut-il à une démission ? Que peut faire le salarié après un abandon de poste ?
Maître Céline GRINHOLTZ-ATTAL est avocate au barreau de Paris et fondatrice du Cabinet CGA Avocats qui a vocation à répondre à l’ensemble des problématiques juridiques que vous rencontrez notamment en droit du travail.
Un abandon de poste désigne le comportement du salarié qui s’absente pendant plusieurs jours sans autorisation ou motif légitime. Il peut se manifester de deux manières :
L’employeur a le droit de cesser de rémunérer le salarié à partir de l’abandon et ce sans qu’il n’ait à mettre le salarié en demeure.
Le licenciement qui peut intervenir, selon les circonstances :
La requalification de l’abandon de poste en démission (voir développements suivants).
D’une part, il faut noter que le salarié n’aura pas le droit aux indemnités chômage tant qu’un licenciement n’est pas intervenu. Le salarié doit prendre cela en considération lorsqu’il décide d’abandonner son poste car l’employeur peut attendre jusqu’à deuxmois pour entamer une procédure de licenciement.
D’autre part, le droit à des indemnités chômage dépend de l’issue de l’abandon de poste :
La jurisprudence se refuse généralement à considérer qu’un abandon de poste équivaut à une démission.
Pour citer quelques exemples d’abandon de poste qui ne permettent pas de déduire la volonté claire et non équivoque du salarié de démissionner :
La Cour de cassation n’a admis que l’abandon de poste pouvait équivaloir à démission que dans des situations particulières dans lesquelles la volonté du salarié de se faire licencier est évidente (développement de l’activité propre du salarié dans le même secteur d’activité, ou abandon de poste après plusieurs demandes infructueuses de licenciement par le salarié).
Notons enfin que sont réputées nulles les dispositions des conventions collectives qui prévoiraient que l’absence non justifiée d’un salarié dans un certain délai est automatiquement considérée comme une démission.
Dans le cas où il souhaite réintégrer son poste, justifier son absence : cas fortuit, état de santé…
Dans le cas où il ne souhaite pas réintégrer son poste, justifier son abandon de poste par l’attitude de l’employeur pour que la rupture soit reconnue aux torts de l’employeur. Pour cela le salarié peut :
Si les griefs sont considérés fondés, la rupture sera alors qualifiée de licenciement aux torts de l’employeur et le salarié pourra, en plus des indemnités de licenciement et de préavis, se prévaloir de dommages et intérêts pour rupture abusive.
Toutefois si les griefs sont considérés comme non fondés, l’abandon de poste et la prise d’acte seront requalifiées de démission, ce qui entraine la perte du bénéfice des indemnités chômage, voire le salarié pourra être condamné à payer des dommages et intérêts.
Il faut noter également que le salarié doit être attentif à la réaction de son employeur face à son abandon de poste : en effet si l’employeur adopte une attitude active, c’est-à-dire lui envoie des mises en demeures de reprendre son poste ou met en place des sanctions disciplinaires pour abandon de poste, le licenciement pour faute du salarié aura d’avantages de chances d’aboutir.
A toutes fins utiles, il est bon de rappeler que le salarié qui souhaiterait quitter son emploi, quelque en soient les raisons, devrait éviter le plus possible d’abandonner son poste, qui le met dans une situation non favorable. Il faut plutôt favoriser la rupture conventionnelle.