La liberté de conscience un principe fondamental reconnu par les lois de la République. Elle est également reconnue par divers textes législatifs notamment la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme en son article 18 mais aussi par l'article 9 de la Convention Européenne des Droits de l'Homme. Comment se matérialise cette liberté en droit du travail ? Qu'est-ce que la clause de conscience ? Comment fonctionne-t-elle ?
La clause de conscience constitue le corollaire de la liberté d'expression proclamée par la loi du 29 mars 1935. A l'origine, elle était uniquement applicable pour les journalistes, puis son champ d'application a été étendu.
Le Code du Travail, en son article L 7112-5, prévoit la clause de conscience des journalistes :
"Si la rupture du contrat de travail survient à l'initiative du journaliste professionnel, les dispositions des articles L. 7112-3 et L. 7112-4 sont applicables, lorsque cette rupture est motivée par l'une des circonstances suivantes :
1° Cession du journal ou du périodique ;
2° Cessation de la publication du journal ou périodique pour quelque cause que ce soit ;
3° Changement notable dans le caractère ou l'orientation du journal ou périodique si ce changement crée, pour le salarié, une situation de nature à porter atteinte à son honneur, à sa réputation ou, d'une manière générale, à ses intérêts moraux. Dans ces cas, le salarié qui rompt le contrat n'est pas tenu d'observer la durée du préavis prévue à l'article L. 7112-2."
La clause de consience est une disposition insérée dans le contrat de travail des journalistes leur permettant de quitter de leur propre initiative leur entreprise de presse et de bénéficier des indemnités de licenciement.
Le journaliste pourra l'invoquer si deux conditions cumulatives, énumérées par l'article susvisé du Code du Travail, sont présentes :
Exemple
Un journaliste peut enclencher sa clause de conscience lorsque le journal pour lequel il travaille connait un changement dans son caractère ou son orientation. Ce qui peut notamment être le cas d'un journal d'information qui devient un journal à scandale. En raison de ses convictions personnelles, le journaliste peut utiliser la clause de conscience.
Si un journaliste veut invoquer sa clause de conscience, il devra envoyer une lettre recommandée avec avis de réception à sa direction. Dans le cas où l'employeur conteste la mise en oeuvre de la clause, le journaliste devra apporter la preuve du changement notable survenu. Le Conseil des Prud'hommes sera compétent pour statuer sur le litige.
Dans le cas où le salarié a plus de 15 ans d'ancienneté, la commission arbitrale sera saisie pour determiner le montant des indemnités que percevra le journaliste, en vertu de l'article L 7112-4 du Code du Travail.
Le journaliste n'est pas tenu d'effectuer son préavis. Dans ce cas, il ne sera pas rémunéré.
Ce texte est rarement invoqué. L'article du Code du Travail est flou et complexe. La loi n'encadre pas de manière stricte les conditions d'application de la clause de conscience. Beaucoup de situations peuvent entrer dans le cadre de l'article L 7112-5.
Les journalistes sont souvent hésitants à faire jouer une telle clause en raison des conditions subjectives et de l'aléa présent dans chaque procédure judiciaire. Dans la plupart des cas, il se tournera vers un autre mode de rupture de son contrat de travail tel que la rupture conventionnelle, la résiliation judiciaire, la prise d'acte.
La clause de conscience est une disposition contractuelle qui va permettre au salarié de rompre de façon unilatérale et licite son contrat de travail en cas de :
entrainant une modification importante de l'équipe de direction.
En résumé, le salarié peut rompre unilatéralement son contrat de travail tout en bénéficiant d'indemnités, quand l'une des conditions précitées est remplies.
Un arrêt de la Chambre Sociale de la Cour de Cassation du 10 avril 2013 précise les conditions sous lesquelles la clause de conscience est licite :
Pour que la clause de conscience produise ses effets, elle devra valablement être insérée dans le contrat de travail. Seul le salarié pourra l'invoquer et elle sera pleinement opposable à son employeur.
Un employeur propose à son salarié de faire agir sa clause de conscience si la situation de l'entreprise, ses convictions, ne lui conviennent pas. Un tel comportement est prohibé. En effet, seul le salarié peut invoquer cette clause. Il s'agit d'une faculté lui appartenant.
A l'origine, la clause de conscience était uniquement applicable pour les journalistes. A présent, elle est également applicable pour 3 autres métiers :