C’est le type de question indiscrète et particulièrement embarrassante qui peut effrayer certains candidats lors d’un entretien d’embauche. Si cela vous arrive, pas d’inquiétude, la loi prévoit certaines règles dont vous pouvez tirer avantage.
La loi ne pose pas d’obligation quant à l’objet des questions. Il n’est donc pas forcé que ces dernières aient toutes un caractère professionnel. Cependant les informations demandées doivent avoir pour finalité d’apprécier les aptitudes professionnelles du candidat et son aptitude à occuper l’emploi auquel il postule. Il faut donc que les questions posées apparaissent un minimum pertinentes et cohérentes par rapport au poste visé. Si tel est le cas, le candidat est tenu de répondre de bonne foi. Ce qui implique qu’au contraire il n’est tenu à aucune obligation de bonne foi lorsqu’il répond à une question apparemment sans lien avec l’évaluation de ses aptitudes professionnelles.
2) L'interdiction de vous discriminer
Si la loi ne pose pas d’obligation, elle pose des interdits, notamment au vu du principe de non-discrimination. Ainsi, aucune personne ne peut être écarté d’une procédure de recrutement pour un motif discriminatoire. Hors il est précisé qu’un recruteur qui s’appuierait sur les opinions politiques d’un candidat pour le traiter de manière moins favorable qu’un autre candidat dans une situation comparable, commettrait une discrimination directe. Dans le cas où les questions ne semblent pas directement et nécessairement viser à évaluer si le candidat est suffisamment qualifié pour répondre à l’emploi, l’employeur devra être en mesure de se justifier.
3) Comment réagir face à une question indiscrète ?
Malgré tout si un recruteur vous pose une question évidemment indiscrète, ne vous enflammez pas. Si cela vous dérange de répondre honnêtement rappelez-vous que vous n’êtes plus tenu à la bonne foi dans ces conditions et donc que vous êtes en droit de mentir. L’autre solution consiste à esquiver la question en déclarant que vous n’êtes pas certain de voir le rapport entre les informations qui vous sont demandées et l’évaluation de vos aptitudes à remplir les missions relevant du poste.
4) Exercer un recours en cas de discrimination
S’il s’estime victime d’une discrimination à l’embauche, un candidat pourra saisir le greffe des prud’hommes sachant que ce recours est sans frais et qu'il est possible de se défendre seul, donc de se passer d’avocat. Cependant il faudra apporter la preuve de cette discrimination, ce qui peut s’avérer particulièrement compliqué pour un entretien d’embauche, et ce, bien que la preuve puisse se faire par tout moyen (un témoignage, un email etc…). Attention à ne pas user de la justice avec légèreté, l’article 226-10 du Code pénal prévoyant le cas de la dénonciation calomnieuse. Vous pourriez être lourdement sanctionné en agissant de mauvaise foi contre un recruteur si vous l’accusez d’un fait que vous savez partiellement ou totalement inexact. S’il est donné raison au candidat, ce dernier pourra obtenir des dommages et intérêts en réparation du préjudice subi. En revanche, il ne pourra pas obtenir que le recruteur soit forcé de l’embaucher.
Si vous faites face à une question qui ne présente pas de lien direct et nécessaire avec l’évaluation de vos compétences, gardez à l’esprit que rien ne vous oblige à répondre de bonne foi mais évitez cependant de menacer un recruteur en invoquant la loi. Vous pouvez simplement demander quel rapport il y a avec le poste visé et si effectivement il n’y en a aucun, le recruteur se contentera de passer à une autre question.