L'abandon de poste est la situation par laquelle en tant que salarié, vous décidez de vous absenter de votre travail sans en informer votre employeur et sans vous justifier. Ce comportement est sanctionné. Finalement, est-ce une bonne ou une mauvaise idée? Maitre Marie-Cécile De La Chapelle, avocat au barreau de Paris depuis plus de 20 ans et intervenant tant dans le domaine des relations collectives que des relations individuelles de travail et ce, tant en conseil qu’en contentieux (associée au sein du cabinet DDLC) fait le point sur cette question.
L’abandon de poste est le fait de s’absenter de son poste de travail sans autorisation et sans justificatif. L’abandon de poste peut être de courte durée (ex : absence d’une heure) ou d’une plus longue durée.
Un salarié en abandon de poste court le risque d’être licencié pour faute grave, c’est à dire d’être licencié sans préavis ni indemnité.
Cependant, il percevra les allocations chômage.
Certaines entreprises peuvent avoir la tentation de considérer que le salarié est démissionnaire. Dans de tels cas, les tribunaux requalifient la démission en licenciement abusif, la démission ne se présumant pas. Il est arrivé dans de rares cas que les tribunaux valident la démission lorsque le salarié avait abandonné son poste pour prendre un autre emploi.
Un conseil pour le salarié?
Il est difficile de conseiller à un salarié de faire un abandon de poste. En effet, il court le risque que l’employeur « laisse pourrir la situation » et ne licencie pas le salarié.
Dès lors, celui-ci n’aura pas de salaire et ne pourra pas percevoir d’allocations chômage faute de rupture du contrat de travail.
De même, si le salarié a trouvé un autre emploi, il est aussi simple de démissionner.
Enfin, si le salarié se trouve placé dans une situation critique et qu’il doit s’absenter de façon imprévue et urgente, il pourra quitter son poste en avertissant son employeur et en prenant les mesures pour que son absence ne soit pas préjudiciable.
Un abandon de poste est difficilement requalifiable dans la mesure où les faits sont indiscutables.
Toutefois si l’employeur fait preuve de précipitation et licencie le salarié pour abandon de poste au bout de quelques jours d’absence et sans mise en demeure préalable de reprendre le travail ou de justifier de son absence, le licenciement pourrait être requalifié notamment si l’absence a une explication (ex : retard de retour de vacances lié à un événement extérieur avec impossibilité de prévenir, accident ou hospitalisation avec impossibilité de prévenir, …).
De même, si un abandon de poste de courte durée n’est pas intervenu à un moment critique et est justifié par des circonstances exceptionnelles ou une tolérance de l’employeur, le licenciement pourra être requalifié.
Dans ce cas, le licenciement pour abandon de poste pourra être requalifié en licenciement sans cause réelle et sérieuse et le salarié pourra obtenir une indemnité de préavis, une indemnité de licenciement (calculée selon l’ancienneté) et des dommages et intérêts pour licenciement abusif.
A mon sens, l'abandon de poste est une fausse bonne idée dans la mesure où elle laisse une incertitude sur le sort du contrat de travail et que le salarié ne peut pas avoir la certitude que l’employeur le licenciera.
Un salarié qui ne souhaite pas revenir à son poste dispose d’autres voies telles que la démission, la prise d’acte de rupture (le salarié prend acte de la rupture de son contrat de travail aux torts de l’employeur et saisit les tribunaux pour faire qualifier la rupture en licenciement sans cause réelle et sérieuse. Cependant, dans l’intervalle, il ne perçoit pas les allocations de chômage).
Si le salarié estime qu’il travaille dans des conditions dangereuses, il peut exercer son droit de retrait et demander à ce qu’il soit mis fin à cette situation dangereuse.
Il convient cependant d’être prudent et de ne pas abuser de ce droit de retrait.
Enfin le salarié peut tenter de négocier une rupture conventionnelle avec son employeur.
En tant qu’avocat, je suis pour les situations claires. Or, je considère qu’un abandon de poste ne constitue pas une situation claire.
En outre, il est certain que dans ce cas, l’employeur donnera de mauvaises références à un employeur potentiel.