Les risques psychosociaux : de quoi s'agit-il ? Quelles en sont les causes ? Comment diminuer ces risques ? Avec l'apparition, ces dernières années, de diverses pathologies liées au travail, telles que le burn-out et le brown-out, le thème du bien-être au travail a pris beaucoup d'importance et est même devenu un enjeu majeur dans les entreprises. Diplômée de l’EM Lyon, d’un diplôme universitaire de coaching (Paris II Assas) et d’une licence de droit privé, Valentine Chapus-Gilbert à choisi dès le départ d’orienter sa carrière vers l’environnement captivant et évolutif des ressources humaines, d’abord en recrutement, puis en formation et coaching. Dans cette interview, elle nous explique ce que sont les risques psychosociaux et quels sont les enjeux entourant leur prise en compte.
On appelle « Risques psychosociaux » la probabilité d’apparition de troubles qui se situent à la frontière entre le ressenti de l’individu (le psyché) et la société (entreprise, collègues, manager…). La société, et même le travail en tant que tel, peuvent en effet être à l’origine ou avoir contribué à l’apparition de troubles chez une personne. L’environnement de travail représente en cela un des facteurs de risque.
Le vécu et l’impact ne sont pas les mêmes selon les individus, ni pour un même individu selon le contexte ou le moment. Par exemple, le fait d’être installé dans un espace de travail ouvert et un peu bruyant peut être stimulant pour certains et, au contraire, donner à d’autres le sentiment d’un inconfort auquel il est difficile de faire face.
Lorsque ces troubles apparaissent chez une personne, c’est le signe que le risque s’est réalisé. Si les causes du trouble sont liées, en tout ou partie, au travail, alors on parle d’un risque psycho social (RPS) et l’entreprise peut s’en trouver responsable.
Les risques les plus couramment évoqués sont le harcèlement (moral ou sexuel), la violence (verbale ou physique), l’incivilité, le syndrome du burn out (appelé également épuisement professionnel).
Les causes liées au travail sont multiples, les plus souvent citées et reprises dans les études et expertises nationales et internationales sont de 6 catégories :
Ce type de trouble lié au travail, ressenti par un individu, est sans doute très ancien, mais l’attention que portent les entreprises s’est accrue grâce au (ou à cause du !) développement des lois et de l’interprétation, par les juges, de l’obligation de sécurité des entreprises.
Désormais, l’entreprise est responsable (obligation de moyens renforcée, selon la dernière jurisprudence) et doit garantir la santé mentale et physique de ses salariés.
Au-delà de l’aspect purement réglementaire et légal en France, la prise en compte des risques psychosociaux revêt un enjeu humain et sociétal plus large et à plus long terme. L’émergence des actions regroupées derrière les expressions de « qualité de vie au travail (QVT) et de bien-être au travail en témoigne.
En effet, la préservation de la santé des collaborateurs contribue à l’amélioration de la performance, à l’innovation et à la compétitivité d’une entreprise. Elles sont donc au cœur des responsabilités de chaque manager.
Ainsi, tous les collaborateurs, tous les métiers, tous les niveaux hiérarchiques sont exposés aux RPS. Tous sont donc concernés par les politiques de QVT et de bien-être au travail !
J’ai eu par exemple deux cas récents en formation, apparemment très éloignés l’un de l’autre et pourtant touchés par des RPS :
L’un se sentait mis à l’écart et « sous employé », méprisé par sa hiérarchie, presque « transparent ». cette situation était ressentie comme très stressante et ce cadre tombait progressivement dans un état dépressif, qu’il compensait par des addictions dangereuses pour sa santé et la qualité de son travail.
L’autre, au contraire très en vue dans l’entreprise, travaillait sur des sujets très stratégiques pour cette dernière. Il était très valorisé, poussé par le dirigeant… mais en souffrait tout autant car l’équilibre de vie, qui était pour lui essentiel, était trop souvent bousculé et menaçait de s’effondrer s’il ne diminuait pas la cadence.
Au cours des échanges en formation, les deux ont pu mettre des mots sur leurs maux, donner l’alerte, trouver des soutiens et des pistes pour retrouver une situation saine et supportable. Il reste encore du travail, bien sûr, mais la politique QVT leur permet d’agir sur leur santé et leur motivation au travail.
En réalité la « QVT » est l’affaire de tous, au travail. Nous insistons beaucoup, lors des formations et des coachings, pour que chacun puisse identifier les signaux de souffrance au travail chez ses collègues, dans ses équipes, autant que pour lui-même.
Prendre soin de son voisin, sans empiéter sur sa vie privée pour autant, c’est du bon sens, de l’humanité ! Cette idée simplissime n’a que des effets positifs et se perd parfois derrière les écrans, les procédures, les pseudos urgences de service.
En France, la loi exige que l’employeur garantisse la sécurité physique et mentale des salariés, cette règle est prévue à l’article L.4121-1 du code du travail -
L'employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.
Ces mesures comprennent :
L'employeur veille à l'adaptation de ces mesures pour tenir compte du changement des circonstances et tendre à l'amélioration des situations existantes.
Nous prenons le pari qu’un vrai « bonjour » bienveillant est une très bonne action de prévention des RPS !