Comme beaucoup de salariés en France, vous souffrez certainement de brown-out. Peut-être cette pathologie ne vous évoque rien, ou bien êtes-vous incapable de la différencier de son cousin, le bore-out ? Voyons ensemble ce qu’est le brown-out et quelles sont les solutions envisageables pour y remédier.
Le brown-out peut se définir comme un manque de sens dans son travail, notamment dû à la réalisation de tâches absurdes et non stimulantes. Il s’agit d’une pathologie que l’on retrouve notamment dans le cas de personnes ayant un certain niveau d’étude et/ou de compétences et qui se retrouvent à exécuter un travail dévalorisant vis-à-vis de leurs connaissances et expériences. Plus simplement, des personnes recrutées pour effectuer des tâches en négation même avec leurs compétences.
Ces tâches non stimulantes entrainent alors une sorte de désillusion, une baisse de l’engagement du travailleur et surtout, un désintérêt pour la qualité du travail produit. Le salarié qui en souffre a l’impression de ne jamais voir l’aboutissement de ce travail et est dans l’impossibilité de se revaloriser au travers de ce dernier. Ce qui va souvent avoir pour conséquence de se refermer sur soi-même, de glisser vers un état de dépression et même, d’avoir des envies de suicide. Bien que le brown-out se manifeste de façon moins violente que le burn-out, il touche bien davantage de personnes.
David Graeber, anthropologue américain, affirme qu’en raison du progrès technologique, la société crée des métiers et des tâches inutiles, notamment dans le secteur des services (consulting, ressources humaines, communication etc…). Le brown-out toucherait majoritairement des cadres et dirigeants n’ayant plus la possibilité de prendre en main leur carrière ou qui se retrouvent limités dans leur prise de décision. Ainsi, un cadre peut vite avoir l’impression d’avoir fait le tour de sa fonction et finalement se sentir inutile. Cependant, en parallèle, le progrès technologique permet la robotisation des tâches les plus machinales et ainsi de soulager les travailleurs de ces dernières.
Si vous vous sentez concerné par cette pathologie, il ne faut pas en avoir honte, vous êtes loin d’être un cas isolé. Ainsi, l’Institut de recherche international, Ipsos, a réalisé en 2016 une étude sur 824 travailleurs français. Il en ressort que seulement 34% des personnes interrogées estiment que leur entreprise les reconnaît et valorise leur travail, contre 56% sur une étude au niveau mondial. Et plus d’un travailleur sur trois, en France, reconnaît ne pas être motivé par le boulot.
Par ailleurs, le brown-out, bien qu’il s’agisse d’une pathologie liée au travail, n’est pas reconnu comme maladie du travail en France. Si vous pensez en souffrir, vous devrez tenter d’éventuelles actions à votre niveau, voir un changement radical dans votre carrière professionnelle. Ainsi, il se peut que votre fonction ne soit pas en elle-même le problème mais qu’elle implique certaines contraintes qui nourrissent votre sentiment de brown-out.
Imaginons que l’on recrute un expert à un poste qui correspond à son domaine mais qu’en parallèle, on lui assigne nombre de tâches secondaires et ne requérant pas son expertise, le travailleur en question va ressentir une dévalorisation et un ennui proportionnels à l’importance et à la quantité de ces tâches secondaires. La solution sera alors de négocier avec sa hiérarchie, en démontrant qu’il serait bien plus motivé et productif s’il pouvait essentiellement se concentrer sur des tâches impliquant et directement et nécessairement son expertise.
Le manque de sommeil peut être une autre cause qui n’implique pas forcément, là encore, d’entreprendre un changement radical dans sa carrière professionnelle. En effet, faute d’énergie on se limite à exécuter machinalement des tâches sans en chercher l’intérêt, ni à s’investir pour les rendre plus captivantes.
Plus grave mais non irrémédiable, le manque de reconnaissance des autres pour votre travail, le fait d’être mis à l’écart de projets ou de réunions importantes etc… Cela peut vous amener à douter de vos capacités, à vous laisser écraser pas des collègues plus ambitieux. Il est moins évident de résoudre ce problème puisque cela implique qu’il soit envisageable pour vous de vous imposer face à votre entourage professionnel, de sorte à obtenir leur respect et à vous revaloriser.
S’il s’avère que votre travail est simplement incompatible avec qui vous êtes et/ou avec vos compétences et connaissances, il peut être pertinent de considérer que vous gâchez peut-être votre potentiel dans votre job actuel. Et donc de réfléchir à la facilité que vous auriez ou non à retrouver un poste plus adapté, incluant des tâches qui vous stimuleront davantage.
Le brown-out est causé par la réalisation de tâches répétitives, non stimulantes et dévalorisantes pour un travailleur qui aura alors l’impression que son travail est non seulement inutile, mais en plus étouffe son potentiel. Cette pathologie n’est pas reconnue comme une maladie professionnelle et le salarié qui en souffre devra tenter de prendre certaines mesures pour rendre son travail plus intéressant et même envisager de changer de poste, que ce soit par une promotion ou une démission.