6 mai 2012, c’est la date de l’élection de François Hollande à la tête de l’Etat français. Dans 10 jours, il fêtera donc son premier anniversaire au poste de président de la République. Il est grand temps pour lui de préparer son premier entretien annuel. A l’image d'un salarié à qui l’on demande des comptes, chaque année, au cours de ce rendez-vous si important avec son N+1, l’heure du premier bilan a sonné pour François Hollande. S’il était un salarié « normal », François Hollande aurait donc rendez-vous avec son employeur : le peuple français. L’occasion de revenir, notamment, sur ses 3 principaux objectifs : baisser les chiffres du chômage (« nous allons inverser les chiffres du chômage d’ici un an »), s’occuper de la jeunesse («Je veux redonner espoir aux nouvelles générations»), assurer la ré-industrialisation du pays (« Je favoriserai la production et l’emploi en France »), le tout en diminuant les dépenses de l’Etat (« Le déficit public sera réduit à 3% du produit intérieur brut en 2013 »). Voici à quoi ressemblerait l’entretien annuel de François Hollande, le salarié de l'entreprise France…
Lors d’un entretien annuel, le salarié doit faire un bilan de ses résultats et le comparer à ses objectifs annuels.
A en croire l’opinion des français, le bilan de François Hollande apparaît plus que décevant. Et cette tendance est confirmée par des chiffres : Record historique du nombre de mois consécutifs de hausse du chômage (22 à ce jour, en route vers le 23eme). Les jeunes, diplômés ou non sont les premiers touchés et le haut fourneau de Florange vient de fermer ses portes.
N’oublions pas que celui qui a fixé les objectifs de François Hollande, c’est François Hollande lui-même…C’est un peu comme si un salarié décrétait « je vais faire X ventes », et n’y parvenait pas. Rater ses objectifs annuels, c’est l’assurance d’avoir un entretien annuel… Difficile ! C’est encore plus le cas quand on s’est fixé soi même ses propres objectifs !
Bien évidemment, comme pour tout entretien annuel, l’employeur regarde l’environnement dans lequel ont été réalisés les résultats de l’employé. Que ce soit lors d’une année exceptionnelle ou catastrophique, le bilan annuel est tempéré par la conjoncture. Nul doute que le Président de la République a pris les rênes du pays à un moment particulièrement critique, à l’heure ou l’Europe vieillissante traverse une crise sans précédent. Il reconnaît ses erreurs affirmant, au nom de la majorité, qu’elle n’avait pas anticipé que la crise que nous traversons durerait « plus longtemps que prévu » (France 2, entretien avec David Pujadas, 28 mars 2013). Mais son entêtement à réaffirmer sa détermination sur des objectifs qui paraissent de plus en plus illusoires laisse planer le doute sur ses compétences et sa lucidité et contribue à entamer davantage sa crédibilité au poste de Chef de l’Etat.
A l’image d’un commercial qui évoquerait pour justifier des résultats insuffisants une période économique difficile, matérialisée par une baisse significative de la demande des produits qu’il vend, François Hollande tente de rassurer son évaluateur : « J’ai mis en place une politique. Tous les outils sont là et c’est cette politique là, ces outils là, qui maintenant vont être mis en œuvre. »
Pour redresser la barre, le président annonce la mise en place d’un programme « d’armes nouvelles contre le chômage », avec pour moteurs les emplois d’avenir et les emplois aidés dans l’optique d’intégrer les jeunes en difficulté. Mais l’efficacité de ce type de contrats reste à prouver : fin mars seuls 15 000 contrats avaient été signés alors que l’objectif de fin d’année est fixé à 100 000. La façon de procéder de l'employé Hollande laisse à désirer. C’est un peu comme si l’on avait fixé à un directeur commercial un objectif de chiffre d’affaires de 1 000 000 € et qu’il présente à mi parcours un résultat de 17 000€ et un plan d’actions dont on ignore l’efficacité…
Avec un bilan qu’on pourrait qualifier de médiocre, l'employé Hollande reconnaît ses tords, et fait tout de même preuve de lucidité et d’objectivité, ce qui est toujours bien vu dans le cadre d’un entretien d’évaluation : « Le nombre de chômeurs va augmenter jusqu’à la fin de l’année. »
Il a déjà amorcé ce travail d’auto évaluation qui consiste à assumer ses difficultés. Lors de son entretien annuel, il a tout intérêt à poursuivre en ce sens, pour éviter d’écorcher encore plus sa crédibilité déjà bien entamée. L’enjeu de son entretien sera donc de justifier ses résultats insuffisants, d’admettre qu’il a rencontré des difficultés voire commis des erreurs mais qu’il peut mieux faire. N’oublions pas qu’en cas de non atteinte des objectifs, un manager préférera voir son salarié expliquer ses erreurs, les reconnaître et repartir de l’avant plutôt que de nier.
Quand un salarié n’a pas atteint ses objectifs, c’est parfois dû à un manque de compétence. L’entreprise va alors lui proposer, lors de l’entretien annuel, des solutions pour l’aider. Par exemple :
Le problème de François Hollande est qu’aucun remaniement n’est prévu jusqu’à preuve du contraire, que le budget de l’Etat est plus que jamais limité et ne risque pas de s’accroître…Dans une entreprise comme les autres, il est probable qu’il serait remercié immédiatement ou que son rôle de manager serait remis en cause. Mais avec son mandat de 5 ans, François Hollande est le salarié le mieux protégé de France. A défaut de licenciement, dans une entreprise classique, on lui fixerait des objectifs à court terme à atteindre et on lui demanderait une sérieuse remise en question. Car au final, l'objectif d'un entretien annuel est de faire un bilan pour mieux préparer l'avenir et progresser. Reste à lui souhaiter bonne chance pour rectifier le tir et éviter de faire sombrer l’entreprise France d’ici 2017.
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