En ces temps de conjoncture économique difficile, de plus en plus de gens s’interrogent sur leur place au travail et sur l’intérêt qu’ils portent à leurs tâches quotidiennes. Certains franchissent le pas, d’autres non, de la reconversion professionnelle pour prendre un nouveau départ. Changer de métier, changer d’environnement, vous mettre à votre compte vous a peut-être déjà trotté dans la tête… Elle-même issue de la reconversion professionnelle (ancienne professeur de classe préparatoire) Sylvaine Pascual a monté en 2008 son cabinet de coaching Ithaque Coaching, spécialisé dans le plaisir au travail. Dans cette interview, elle évoque son approche de la reconversion, nous donne des conseils et nous explique sa méthode d’accompagnement.
La reconversion est à distinguer de l’évolution professionnelle par le fait qu’il s’agit d’un véritable changement de métier, et pas seulement d’une réorientation. Ce processus implique généralement le suivi d’une formation. Il existe toutefois des cas de reconversion intermédiaire comme le cadre qui devient consultant ou le salarié qui crée son entreprise.
La triplette relationnelle est un concept que j’ai mis en place pour aborder la reconversion professionnelle auprès des personnes que j’accompagne. J’ai la conviction que l’équilibre entre une relation à soi, une relation aux autres et une relation au travail forte et saine garantit une vie personnelle et professionnelle satisfaisante. Cette approche est née du constat que dans les accompagnements classiques, il y avait essentiellement des outils très opérationnels (comment je la finance ? Comment et quand quitter son emploi ?), et il me semblait vital d’associer à ces outils ces aspects relationnels qui sont au cœur de la reconversion professionnelle.
Cet aspect est davantage traité, de manière générale, dans les reconversions professionnelles. Il s’agit d’introduire le questionnement suivant : qu’est ce qui fait que moi, en fonction de ma personnalité, de mes goûts, de mes idées, de mes aspirations, je me sens bien ou pas au travail. Dans l’accompagnement des reconversions, on explore les besoins professionnels et la façon dont ils s’expriment chez la personne. Leur mode d’expression est totalement personnel. A partir de cela on essaie de déceler les éléments susceptibles d’être un « passeport pour le plaisir », pour que le travail offre des possibilités d’épanouissement, quand beaucoup se retrouvent dans un métier qui ne leur correspond pas, ne les intéresse pas voire les fait souffrir.
« Il est important de noter qu’un projet de reconversion ne doit pas être basé uniquement sur une intuition, mais doit être exploré puis validé par une confrontation à la réalité. »
Pour illustrer ce propos, je pense notamment à l’exemple de l’une de mes clientes, qui était intéressée par la « pâtisserie », secteur totalement étranger à ce qu’elle faisait auparavant. En allant passer 3 jours dans une pâtisserie, elle s’est rendue compte que le métier ne correspondait pas tout à fait à ce à quoi elle s’attendait. Commencer sa journée à 3 heures du matin ne lui posait aucun problème, en revanche elle avait sous estimé la dimension « physique » du métier. Finalement, déplacer des sacs de farine de plusieurs dizaines de kilos toute la journée l’a dissuadé de poursuivre sur cette voie.
La partie opérationnelle de notre accompagnement repose sur 3 phases bien précises. L’évaluation, la décision, et la mise en action.
C’est l’application des principes de base du coaching. La première phase est le temps de l’exploration. On observe la situation de la personne, on jauge l’estime de soi. On détermine ensuite les éléments sur lesquels on peut s’appuyer, en tenant compte des atouts et des caractéristiques de chacun.
La phase d’exploration a permis de déceler les facteurs qui poussent le salarié à envisager une reconversion. A partir de ces observations, il est invité à mettre en pratique des actions, dans son métier actuel, pour s’entraîner et améliorer son quotidien professionnel avant même de changer de voie.
Admettons qu’un point à améliorer soit la difficulté à déléguer : l'exploration Nous définissons une action concrète à mettre en place pour qu’il s’y entraîne, avec un objectif précis : la décision La personne met en pratique cette décision dans le cadre de son travail : la mise en action
Une fois l’action menée, on passe à la phase d'analyse : la difficulté a-t-elle été surmontée ou le problème résolu ? En suis-je satisfait ? Si c’est le cas, on peut avancer et gagner en confiance en soi. Si ce n’est pas le cas, on tente une autre méthode ou on capitalise sur un autre point d’amélioration. Ainsi, mes clients sont en permanence en expérimentation, ce qui permet de sortir du sentiment d’échec.
«L’intérêt de cette méthode est d’inculquer aux personnes un mode de raisonnement et d’action qu’ils pourront appliquer tout au long de leur vie professionnelle future, maintenant ainsi toujours un rapport au travail positif et une situation favorable.»
Conclusion
Dans l’ensemble, beaucoup des gens sont en désir de reconversion, mais attendent beaucoup trop longtemps avant de l’explorer. Or il est beaucoup plus compliqué de réaliser une reconversion professionnelle suite à un burn out par exemple. C’est pourtant le cas pour 80% des reconversions ! Dès les premiers signes de désir de reconversion, autant l’explorer, ce qui ne signifie pas que l’on passera à l’acte. Car ce n’est pas une prise de risque, et permet de décider posément en son âme et conscience.