Votre contrat de travail vient de s'achever de manière volontaire, forcée ou suite à son expiration ? Votre employeur doit alors effectuer le solde de tout compte. De quoi s'agit-il ? Que doit-il contenir afin d'être valable ? Quelles formalités l'employeur doit-il respecter ? Le salarié peut-il contester le reçu pour solde de tout compte ?
Le solde de tout compte correspond à un document relatant les différents montants versés par l'employeur à son salarié lors de la rupture de son contrat de travail, selon l'article L 1234-20 alinéa 1 du Code du Travail.
Cet inventaire est établi par l'employeur et sera remis au salarié qui lui donnera reçu (reçu du solde de tout compte).
Plus précisément, l'employeur dressera la liste des différents éléments de la rémunération du salarié mais également de ses indemnités payées lors de son départ.
Le solde de tout compte est un document qui doit obligatoirement être remis par l'employeur au salarié. Il devra être remis quelles que soit la rupture du contrat de travail, que ce soit un licenciement, une rupture conventionnelle, une démission, la fin d'un CDD, un départ à la retraite du salarié ...
En clair : le solde de tout compte devra être adressé au salarié quels que soit la nature ou le motif de la rupture du contrat de travail. Il s'agit d'une obligation de l'employeur.
Afin d'avoir une valeur juridique, le solde de tout compte devra remplir certaines conditions. Le document devra tout d'abord détaillé toutes les sommes versées au salarié comme :
Afin que le solde de tout compte ait un effet libératoire pour l'employeur, il devra précisément lister toutes ces sommes. Une simple mention de portée générale sera insuffisante et ne libérera pas l'employeur.
Attention : si l'employeur oublie une somme qu'il doit au salarié, le solde de tout compte aura un effet libératoire uniquement pour les sommes mentionnées, même si le salarié indique que son compte est "entièrement et définitivement apuré et réglé." Le salarié pourra donc réclamer les sommes non-notifiées. Cette solution résulte d'un arrêt de la Cour de Cassation en date du 8 décembre 2013 n°12-24985.
4 formalités sont à respecter par l'employeur :
Le solde de tout compte sera remis au salarié à son départ de l'entreprise. Ce document doit être remis à l'expiration du contrat de travail du salarié. Il ne peut pas être remis avant la fin du contrat. Il en va de même si un préavis est prévu, qu'il l'effectue ou non.
Jeanne a fini son CDD le 5 avril. Quand son employeur doit-il lui remettre le solde de tout compte ? Il devra lui délivrer le 5 avril, pas avant ni après.
Louis a démissionné le 2 février. Son préavis est d'un mois. Cependant, son entreprise l'en a exonéré. Quand recevra-t-il le solde de tout compte ? Louis aura ce document à la fin du préavis, même s'il ne l'effectue pas. C'est-à-dire un mois après sa démission et non le 2 février.
Le solde de tout compte représente un intérêt surtout pour l'employeur. En effet, s'il ne remet pas ce document au salarié, ce dernier pourra contester le montant des sommes qu'il a perçu durant 3 ans. Alors que s'il remet le document au salarié et que ce dernier le signe, dans ce cas, il n'aura que 6 mois pour le contester.
Plus précisément, si le salarié estime que l'employeur a commis une erreur dans le calcul de son solde (d'après le calcul du salarié, les sommes devaient être supérieures) ou qu'il a oublié certaines sommes, il pourra contester le montant du solde de tout compte.
De plus, le salarié n'est pas obligé de signer le solde de tout compte. Dans ce cas il aura 3 ans pour le contester, sinon 6 mois. Il peut également formuler des réserves en les mentionnant sur le document sous l'appellation : "sous réserve de mes droits". Dans ce cas, le solde de tout compte ne sera pas libératoire pour l'employeur. C'est-à-dire que le salarié aura 3 ans pour contester le document.
Pour contester le solde de tout compte, le salarié doit dénoncer le reçu du solde de tout compte par lettre recommandée avec accusée de réception. Dans ce courrier, il devra mentionner les raisons de sa contestation.
Si suite à la réception du courrier, l'employeur n'agit pas et ne verse pas les sommes dues à son salarié, ce dernier pourra intenter une action en justice devant le Conseil des Prud'hommes.
Dans son courrier, le salarié doit invoquer les raisons de sa contestation. Pour ce faire, il peut invoquer qu'une somme versée à un montant trop faible, l'oubli d'une somme comme les heures supplémentaires non-payées
Il faut noter que l'employeur peut également contester le solde de tout compte. En effet, s'il verse trop au salarié, il aura 3 ans pour réclamer le trop perçu.