Le travail, si important qu'il nous rend malade ? Nous continuons de nous interroger sur ce que veut dire le bonheur au travail et le mieux-vivre en général.
Pour mieux comprendre cela aujourd'hui, nous accueillons sur le blog Mme Nathalie Balmat Poirieux, responsable de Jobtim.
L'humain et les relations humaines ont toujours été au coeur des préoccupations de Nathalie Balmat-Poirieux, qui a développé ces deux piliers, pendant ses 20 ans passés dans le secteur de la communication. Elle a ensuite été touchée de près par la souffrance au travail, dans le cadre de son activité et s'est intéressée au bonheur au travail. Elle a décidé d'accompagner les entreprises, dans leur recherche du bonheur et l'optimisation de leurs activités. Ainsi est né Jobtim mieux-vivre au travail.
On entend aujourd’hui de plus en plus les mots bien-être au travail, bonheur au travail, Risques Psycho Sociaux, Qualité de Vie au Travail, etc. Bien entendu, comme beaucoup, j’utilise le terme de "bonheur au travail" car il est très évocateur et connu de tous. Mais au quotidien, je préfère parler de "mieux-vivre au travail" car je m’inscris dans une démarche d’amélioration du rapport au travail et à l’entreprise, tant sur l’aspect émotionnel que productif.
Je me qualifie d’ailleurs comme une "accélératrice de mieux-vivre en entreprise". En effet, lors de la toute première phase de mon audit, j’aime révéler les points positifs parfois inexploités ou cachés présents dans l’entreprise. Je les appelle les "petits trésors" : une pièce abandonnée où une animation serait organisée, un jardin inexploité, qui pourrait servir pour des événements, un salarié qui s'implique au quotidien pour la bonne humeur dans son service, etc.
Une fois ces petits trésors mis à jour, il convient de poursuivre afin d’identifier les points ralentissant ce fameux bonheur au travail. J’agis toujours dans le respect de l’entreprise et de ses collaborateurs, je ne souhaite en aucun cas faire la révolution et changer toutes les habitudes de travail. Voilà également le pourquoi du "mieux-vivre en entreprise".
Indéniablement ! C’est un vrai cercle vertueux où tout le monde à y gagner, tant les collaborateurs que l’entreprise.
Le constat est sans appel : quand on est mieux dans son entreprise, on travaille mieux et on se sent plus valorisé et utile. C’est la clé essentielle de la réussite professionnelle personnelle, mais également celle de l’entreprise !
Pour vous donner un exemple très précis, j’ai récemment accompagné un magasin dans lequel les salariés étaient démotivés, désunis et tristes, ce qui est dommageable puisqu’en contact direct avec les clients : les ventes ralentissaient.
Une semaine passée à leurs côtés dans le cadre d’une mission "salarié mystère" a permis de lancer l'alerte et d’identifier la cause de ce mal-être. Des ajustements managériaux ont été préconisés, le poste de chacun redéfini. L'équipe en est ressortie plus unie et efficace qu'auparavant !
Nous sommes 70% à juger le travail comme « très important », bien devant les danois, anglais, suédois ou allemands. Malgré cela, seulement 1 français sur 2 s'estime épanoui dans sa vie professionnelle. Il est grand temps de nous occuper du quart de la semaine que nous passons au travail !
Le travail peut en effet être source de grande souffrance, tant physique que psychologique, 73% des salariés se sentent angoissés, de plus en plus. Le stress au travail se manifeste quand une personne ressent un déséquilibre entre les taches qu’on lui demande d’accomplir et les ressources dont elle dispose pour y répondre.
Selon mon expérience, les causes sont nombreuses et font écho à l'organisation et à la nature du travail. Une charge de travail excessive, un rythme important, un manque de dialogue entre les individus, le peu d'autonomie, un management non disponible ou non adapté, une pression constante, des objectifs impossibles à atteindre. Un phénomène prend malgré tout de l'ampleur : la déshumanisation de l'entreprise, nombre de salariés ne se sentent pas connus et reconnus, ils ne souhaitent plus s'impliquer, ni dans leur travail ni dans la vie de l'entreprise.
On sait aujourd’hui que l'épanouissement personnel est intimement lié au bonheur au travail, difficile d'être heureux à la maison après une journée douloureuse. Mais la vie privée vient en soutien et doit permettre à chacun de se ressourcer. Raison de plus pour laisser son activité dans l'entreprise et ne pas autoriser le travail à envahir notre sphère personnelle.
La loi sur le droit à la déconnexion a amorcé le dialogue mais les choses doivent encore s'améliorer : près de 80% des cadres avouent ne pas arriver à débrancher. Avec nos moyens de communication, il est devenu trop facile de répondre à toute heure à un message professionnel. Il est donc pertinent de s'imposer une hygiène de vie en éteignant par exemple son portable professionnel une fois la journée terminée.
Chaque chose en son temps…
La conception du bonheur et les moyens pour y parvenir sont propres à chacun, il y a donc autant de recettes que de salariés. Selon moi, chacun peut se créer un quotidien plus agréable en étant avant tout plus attentif et tourné vers les autres. Les relations humaines sont extrêmement importantes et sont une des conditions indispensables au bonheur au travail, avoir un ami dans l'entreprise est par exemple source de plaisir. Le sourire est à montrer le plus possible, il est contagieux, rehausse notre niveau de bonheur et donne bonne mine.
Dernier petit conseil : ne construisons pas nos vies uniquement autour du travail, il est utile de multiplier les sources de plaisir. Avoir des hobbies aide à vaincre le stress et crée une bulle d’air nécessaire à une vie intense. Certaines activités sont d'ailleurs préconisées comme véritable arme anti-stress. Parmi elles figurent le jardinage, les activités manuelles (tricot, crochet, cuisine), les activités artistiques (peinture, dessin), le sport ou la méditation. Il y a le choix !
6) Combien de temps faut-il pour se remettre d’un stress intense, d’un burn-out d’après votre expérience ?
Il est difficile de répondre avec précision à cette question, tant les histoires d'épuisement sont différentes. Certains mettront 9 mois alors que d'autres auront besoin de plusieurs années pour se reconstruire durablement et éviter la rechute. Même des années après, tous gardent en tête cette "brûlure" qui place la limite du supportable.
On ne ressort pas indemne d'un burn-out, la vie et le rapport au travail s'en trouvent changés. Je ne connais personne qui ait pu reprendre son poste dans les mêmes conditions, de façon durable dans la même entreprise. Qui aurait envie de remettre les doigts dans le feu ? De ce fait, nombre de personnes ayant souffert d'épuisement professionnel décident de changer radicalement d'activité : un peintre devient sophrologue, une cadre en marketing se réoriente vers le conseil aux entreprises, un vendeur décide de s'occuper d'enfants, etc. Les activités choisies sont souvent en rapport avec l'humain et font partie de la thérapie. Un nouveau métier pour une nouvelle vie, en adéquation avec ses valeurs profondes.