Elle est présente partout dans les médias. Sa formidable coupe blonde met en émoi tout ceux aspirant à obtenir leur CAP coiffure. Son caractère affirmé semble casser les mœurs politiques habituellement en vigueur. Son style vestimentaire défie les codes ô combien strict de la République.
Oui, c’est bien de Brigitte Macron dont nous parlons actuellement. L’actuelle Première Dame se caractérise par sa liberté vestimentaire qui enflamme la presse journalistique à chacune de ses apparitions publiques.
Créateurs de modes, marques populaires, stylistes confidentiels et surtout, moi, sommes excités à la vue du textile porté par elle. Tous se pressent au portillon pour décrypter le style de la première dame qui ne laisse personne indifférent.
Le style de cette dernière se caractérise par un mélange des genres et des occasions : tantôt professionnelle, tantôt décontracté, tout en maintenant un sérieux à tout épreuve.
L’indépendance vestimentaire de Brigitte Macron constitue une véritable image de marque pour l’exploitation à l’étranger du chic vestimentaire français.
Cette liberté pourtant entraine divers remous étonnant dans la presse, faisant pulluler les commentaires acerbes à l’égard de la Première Dame alors que, cette dernière, sait s’habiller.
Un tel embrasement met en exergue une spécificité bien particulière dans le domaine de l’entreprise : La tenue de travail.
En effet, l’un des reproches souvent émis à l’égard de notre Première Dame repose sur sa « tenue de travail » à la fois madame tout-le-Monde et ambassadrice professionnelle du chic français.
On y voit ainsi le véritable casse-tête que de nombreux travailleurs ont lorsqu’il s’agit d’adopter une tenue professionnelle lors des déplacements dans l’entreprise ou durant un entretien d'embauche. En effet, la tenue de Brigitte Macron constitue un de ses outils de travail en tant que représentante de la femme française mais surtout, de la France à l’étranger.
Pour les cadres, salariés et autres professions libérales, il en va de même : la tenue de travail n’a pas à être négligée. Votre employeur peut y voir une attaque à l’égard de l’entreprise, aussi étonnant que cela puisse paraitre alors que, vous êtes ainsi vêtu pour être paré à n’importe quelle situation qui exige de vous d’agir.
La liberté de se vêtir existe-elle ? Votre employeur peut-il vous obliger à vous habiller selon des codes stricts ? A quel moment serez-vous en infraction avec les mœurs en vigueur ? Petit focus !
La liberté de se vêtir existe. Par principe, nous sommes libres de nous habiller comme nous l’entendons, y compris lorsqu’il s’agit de travailler.
Cette liberté n'est pas si totale malgré tout. En effet, votre employeur peut apporter des limitations à cette liberté, si deux conditions sont réunies. La limitation apportée à la liberté de se vêtir comme on l'entend doit :
Ces deux conditions sont disposées à l’article L. 1121-1 du Code du travail.
Les dispositions concernant la tenue professionnelle adaptée doivent alors être stipulées dans le règlement intérieur de l’entreprise.
On peut donc contraindre les salariés à porter un vêtement de travail pour s’adapter à des raisons différentes :
L’image de marque justifiant le port d’une tenue imposée par l’employeur a atteint son paroxysme, notamment à travers une affaire ayant fait grand bruit.
Au cours d’une confirmation de licenciements par la Cour de Cassation en 2001 (confirmé en 2003), un jeune technicien de la Sagem continuait à porter un bermuda sous sa blouse, malgré les injonctions de son employeur. (Chambre sociale 28 mai 2003 02-40.273)
Pourtant :
La Cour de cassation n’a vu aucun souci à confirmer le licenciement malgré tout.
Que cela veut-il dire ? On peut y observer diverses choses :
Votre employeur peut donc imposer le port de tenues. Il fournit et entretient ces tenues, dans l’optique d’assurer santé et sécurité : chaussures, casque, veste renforcée, mais aussi interdire certains vêtements. Dans le domaine du bâtiment par exemple, porter de bagues et gourmettes lors de l’utilisation de machines tournantes peut s’avérer dangereux.
De même, une tenue peut être imposée aux personnes en contact avec le public : hôtesses d'accueil, société de gardiennage, secrétaires.
Enfin, l'employeur peut imposer une tenue « décente » : une salariée qui ne porte pas de soutien-gorge sous un chemisier transparent peut ainsi être sanctionnée. Libération des mœurs oui, mais pas dans l’entreprise.
Malgré tout cela, il restera toujours un problème de frontière, qui sera apprécié au cas par cas, pour déterminer ce qui est décent ou pas, acceptable ou pas.
Il faut savoir que, lorsque le port d’une tenue de travail est obligatoire, l’employeur doit prévoir une contrepartie à cette contrainte. Cette contrepartie est soit financière, soit sous forme de repos.
Cependant, il faut savoir à quel moment cette obligation s’applique : s’applique-t-elle lorsque les salariés s’habillent chez eux et se présentent au travail déjà vêtus de leur tenue ? Ou lorsque les salariés s’habillent sur le lieu de travail et ce, via des injonctions de l’employeur ?
C’est la deuxième version qui ici prend le dessus aux yeux de la Cour de cassation.
Le Code du travail le dispose : la contrepartie n’est obligatoire que si deux conditions sont réunies :
Donc, quand les salariés ont la possibilité de s’habiller chez eux, aucune contrepartie. Cette règle s’applique même si le salarié choisit, de lui-même, de revêtir sa tenue à l’arrivée sur son lieu de travail !
Alors que, si en raison de contraintes horaires strictes ou découlant de la spécificité de la tenue, les salariés sont contraints de se vêtir et de retirer leurs vêtements de travail au sein même de l’entreprise, il y’aura droit à une contrepartie.
Pourquoi cette contrepartie ? Le temps passé à s’habiller et se déshabiller est considéré comme du temps de travail ! Donc, il mérite une rémunération.
L'article L.4122-2 du Code du Travail prévoit même que "Les mesures prises en matière de santé et de sécurité au travail ne doivent entraîner aucune charge financière pour les travailleurs."
La tenue vestimentaire doit donc être fournie et entretenue par l'entreprise. L'employeur pourra le faire sous différentes formes :
Il n’existe pas aujourd’hui de véritable dress code imposé au bureau. Pourtant, le conformisme s’est naturellement installé dans les entreprises.
La raison principale qui pousse les travailleurs à veiller sur leur tenue professionnelle vient du fait qu’elle ne doit pas nuire à l’image de l’entreprise. Les salariés s’habillent selon des codes vestimentaires qui reflète leur métier, leur fonction hiérarchique, l’image de l’entreprise.
Tout dépend du secteur d’activité, de la fonction, de l’entreprise : les entreprises peuvent laisser leurs employés disposer d’une certaine liberté vestimentaire. Au contraire, elles peuvent inscrire dans une brochure ou dans le contrat de travail un dress code clair pour éviter les sanctions.
L’employeur peut même jusqu’à conférer une prime vêtement aux salariés. Cet avantage en nature permet de se financer 2 costumes neufs. C’est intéressant pour l’entreprise comme pour l’employé : le salarié adoptera une tenue sérieuse et ce, selon son libre choix.
Divers corps de métier, notamment dans la finance et dans le domaine juridique, adoptent une tenue professionnelle qui reflète cette image recherchée : sobre, sérieux, neutre. Il faut donner une image de confiance. Le costume cravate est ainsi devenu la norme.
Au sein d’un même secteur, la période de l’été sera abordée différemment, traduisant un relâchement vestimentaire : moins de rendez-vous clients, moins de personnes dans les bureaux. Les chemises à manches courtes et les couleurs moins neutres apparaissent.
Dans des secteurs où il n’y a pas d’uniforme ou de tenue professionnelle imposés par l’entreprise, le manager est celui qui donne la marche, l’exemplarité à suivre sur laquelle les salariés vont se reporter.
On peut identifier un relâchement vestimentaire comme le signe d’une baisse de performance. Le manager y prêtera attention : le vêtement porter peut refléter l’engagement du salarié dans son poste.
L’entreprise doit surtout conjuguer cela avec la vie privée des travailleurs lorsqu’elle entend imposer une tenue de travail.
Par exemple, la banque UBS avait imposé un code vestimentaire farfelu, révélé publiquement dans les médias en 2010. En effet, les écrits avaient mis en avant la longueur recommandée de la jupe des femmes, l’obligation de porter une ceinture si l’on croise des passants, le nombre et le type de bijoux, la couleur des collants et même le type de parfum acceptable !
Un tel contrôle frôlait l’atteinte à la vie privée. Tout est question de mesure. Imposer certaines règles de manière raisonnable permet de mettre en place une cohérence. On identifie alors une image de marque, sans pour autant imposer un vêtement de travail ou un uniforme qui aurait tendance à gommer les individualités.
Conclusion : La maîtrise du vêtement de travail constitue un prérequis pour évoluer avec justesse dans le monde du travail. Ces codes symbolisent l’appartenance à un groupe, à un métier. Le vêtement est un des ambassadeurs de l’entreprise à l’extérieur. Brigitte Macron l’a bien saisie : souriante et énergique, qui a l'allure de son tempérament et un look dans l'air du temps, quel intérêt à la critiquer ?