Dans certaines entreprises, l'employeur accorde des usages à ses salariés qui possèdent un caractère obligatoire lorsque certaines conditions sont remplies. Qu'est-ce qu'un usage d'entreprise ? Quelles sont les conditions posées par la jurisprudence ? Un usage peut-il être supprimé ? Toutes les réponses à vos questions dans cette fiche pratique.
L'usage d'entreprise correspond à une pratique qui est instaurée par l'employeur. Il se traduit par l'attribution d'un avantage aux salariés, qui est accordé librement et de manière répétée par l'employeur. L'usage d'entreprise est accordé par l'employeur. Il n'est pas imposé par le code du travail ni les conventions collectives.
Plus précisément, il peut s'agir d'une prime de 13e mois, de pénibilité, de jours de congés supplémentaires.
La jurisprudence a posé 3 conditions cumulatives à remplir afin qu'une pratique d'entreprise soit considérée comme un usage :
Jeanne travaile dans une entreprise. Depuis 5 ans, son employeur verse à tous les salariés une prime de fin d'année. Dans ce cas, il s'agit d'un usage d'entreprise.
Si ces conditions sont remplies, la pratique devient un usage d'entreprise. Dans ce cas, l'employeur est obligé de respecter l'usage. A défaut, le salarié pourra réclamer l'application de l'usage par lettre recommandée. En cas d'inaction de l'employeur, il pourra saisir le Conseil des Prud'hommes afin de faire valoir ses droits. A noter que le salarié devra apporter la preuve de l'existence de l'usage. Il pourra le faire par tout moyen (témoignages de ses collègues, affichage dans l'entreprise, bulletin de paie...)
Si l'entreprise est transférée et qu'elle reconnaissait un usage à ses employés, cet usage sera également transféré. C'est-à-dire que les salariés pourront toujours s'en prévaloir.
Il peut arriver que l'usage soit mentionné dans le contrat de travail du salarié. Dans ce cas, il change de nature et devient un élément essentiel du contrat de travail. C'est-à-dire, qu'en cas d'irrespect par l'employeur, il manquera à ses obligations contractuelles.
L'usage est institué par l'employeur. Il peut le remettre en cause à tout moment en le dénonçant. Pour ce faire, il n'aura pas à motiver ni à justifier sa décision. Cependant, il devra respecter une certaine procédure pour que la dénonciation soit valide.
L'employeur devra remplir 3 conditions cumulatives, en application de la jurisprudence de la chambre sociale de la cour de cassation en date du 13 février 1996 :
Si l'employeur ne respect pas la procédure de dénonciation susvisée, l'usage continuera d'être en vigueur et de s'appliquer au profit des salariés. Ce qui signifie que les employés pourront réclamer son maintien voire saisir le Conseil ds Prud'hommes.
La procédure devra être respecter même dans le cas où les deux parties, c'est-à-dire l'employeur et les salariés, sont d'accord pour supprimer l'usage d'entreprise.
Cependant, cette procédure ne devra pas être respectée lorsqu'un accord d'entreprise, qui a le même objet que l'usage, vient le remplacer. Dans ce cas, la suppression de l'usage est automatique, même si l'accord est moins favorable que l'usage. A noter que si l'usage était inscrit dans le contrat de travail du salarié, l'employeur devra solliciter la modification du contrat. Pour ce faire il devra obtenir l'accord du salarié.