Qu-est-ce que les risques professionnels ? Quels sont les principaux risques professionnels ? Comment prévenir les risques professionnels ? Quel est le rôle du psychologue du travail dans la prévention des risques professionnels ?
Marie BENOIT-BEAUPERE est psychologue du travail (cabinet de psychopathologies professionnelles en libéral à Paris 9ème), formatrice IPRP (Intervenante Prévention des Risques Professionnels) et consultante CHSCT.
Les psychologues du travail définissent les risques professionnels comme des risques encourus par les salariés du fait de leurs conditions de travail. Lorsque l’organisation du travail se met à dysfonctionner et que les conditions de travail se dégradent, on parle alors de risques psychosociaux (RPS).
Cette souffrance qui apparait via et dans le travail peut, si elle dure, envahir tous les autres domaines de la vie du salarié dont le comportement et les relations à autrui peuvent complètement changer. Ces modifications peuvent impacter gravement sa vie affective, familiale et sociale qui peuvent à leur tour se dégrader. L’approche et la grille de lecture de la psychologie du travail diffère donc des autres champs disciplinaires comme la psychologie clinique et la psychiatrie qui mettent plutôt l’accent sur l’aspect individuel, structurel et personnel des pathologies repérées.
Les pathologies liées aux risques professionnels peuvent être divisées en 2 catégories :
Selon la psychodynamique du travail, le Professeur Christophe Dejours (médecin psychiatre et psychanalyste) et Marie Pezé (docteur en psychologie et clinicienne du travail), les pathologies liées aux nouvelles formes d’organisation du travail sont essentiellement classifiées comme pathologies de surcharges :
Surcharge du fonctionnement psychologique, mental, cognitif entraînant des tableaux précis comme la fatigue et le sentiment d’ennui chronicisé, l’insatisfaction permanente, le repli sur soi, les troubles de la concentration et de la mémoire, le stress, le burn-out, la dépression, la névrose traumatique, la paranoïa situationnelle.
Surcharge du fonctionnement pulsionnel entraînant des décharges comportementales comme la violence contre l’autre (agressions contre les collègues ou l’usager, séquestration de cadres) ou contre soi (suicides) ou contre l’outil de travail (sabotages de machines, des outils informatiques), comme les dérives éthiques (adhésion aux pratiques de harcèlement moral contre les subordonnés).
Surcharge du fonctionnement organique, entraînant des pathologies physiques précises : troubles musculosquelettiques (TMS), dépressions inflammatoires sur le cerveau, augmentation du diabète, des ulcères, accidents cardiovasculaires (karoshi ou mort subite au travail), etc.
La DARES et la DRESS ont repéré 6 facteurs psychosociaux pouvant entrainer des risques professionnels :
La prise en compte par les dirigeants et les managers de l’existence de ces différents facteurs ainsi que leur traitement permettrait de réduire d’autant les risques professionnels.
En effet, l’employeur est tenu par la loi de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés (article L. 4121-1 du Code du travail) . L’employeur ne doit pas seulement diminuer le risque, mais l’empêcher. A défaut, il encourt de lourdes sanctions, et ce même si le dommage ne s’est pas réalisé. Mieux : lorsqu’il ne se sent pas suffisamment protégé, le salarié dispose d’un droit de retrait, qui lui permet de quitter à tout moment son poste de travail.
Cette obligation de l’employeur est une obligation de résultat (Cour de cassation, chambre sociale, 22 février 2002, pourvoi n° 99-18389), c’est-à-dire qu’en cas d’accident ou de maladie liée aux conditions de travail, la responsabilité de l’employeur pourra être engagée.
Ainsi, les échanges sur les projets et sur les procédures lors de réunions de concertation avec les équipes et les salariés permettraient de parler du réel du travail. Ils permettraient aussi de repérer les obstacles répétés qui entravent le bon déroulement du travail et d’y remédier avant que les problèmes générés n’induisent des effets néfastes et irréversibles pour la santé. Le dialogue social avec les équipes et les IRP (Instances Représentatives du Personnel) : CE, DP, CHSCT, etc. constitue donc un axe de prévention majeur des risques professionnels en cas de pression trop forte et/ou de dysfonctionnement de l’organisation du travail.
Il se déroule à plusieurs niveaux et dans des espaces différents :
Formation RPS et CHSCT auprès différents types de publics en intra ou en inter-entreprises, écoles et centres de formation : médecins généralistes et professionnels de la santé au travail, élus, étudiants en formation de préventeurs des risques, superviseurs d’analyse des pratiques, etc.
Formation et accompagnement des managers : sensibilisation aux risques professionnels et à leur intégration dans le management des équipes.
Prévention primaire dans mon cabinet de psychopathologie des risques professionnels en recevant des patients en consultation : écoute, analyse de l’arbre des causes, diagnostic précoce, information sur les acteurs de soins et de prise en charge internes et externes à l’entreprise, coordination des protocoles de soins autour du patient, recherche des leviers et stratégies pour sortir de la situation de blocage, accompagnement et soutien psychologique.
Suivi à moyen et plus long terme pour éviter la rechute, apprendre à mieux repérer les facteurs irritants et à développer les facteurs de protection, accompagner les changements de situation professionnelle (démission, départ volontaire, rupture conventionnelle, licenciement, procédures au pénal), les périodes de transition, le passage vers un retour au poste ou une nouvelle orientation, consolider les acquis.
Analyse des situations de travail en entreprise : expertises projets importants et risques graves, intervention auprès d'équipes ou de services, animation de groupes d'analyse des pratiques et d'espaces de parole.